Traditionnellement, les psychologues se réfèrent au psychiatre Aviel Goodman qui décrit le « British Journal of Addiction (1990) 85, 1403-1408 » l’addiction comme la répétition d’actes dont le but est de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, maintenu malgré les conséquences néfastes pour le sujet. Il propose un questionnaire rapide pour dépister les addicts.
Pour être qualifié d’addict, il faut donc remplir les critères suivants d’après Goodman (1990) :
- Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement.
- Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
- Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
- Sensation de perte de contrôle pendant le comportement.
- Présence d’au moins cinq des neuf critères suivants :
- préoccupations fréquentes au sujet du comportement ou de sa préparation;
- intensité et durée des épisodes plus importantes que souhaité à l’origine;
- tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement;
- temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre, ou à se remettre de leurs effets;
- survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales;
- activités sociales, professionnelles ou de loisirs majeurs sacrifiées du fait du comportement;
- persistance du comportement bien que le sujet sache qu’il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent d’ordre social, financier, psychologique ou physique;
- tolérance marquée : besoin d’augmenter l’intensité ou la fréquence pour obtenir l’effet désiré, ou diminution de l’effet procuré par un comportement de même intensité;
- agitation ou irritabilité en cas d’impossibilité de s’adonner au comportement.
- Certains éléments du syndrome ont duré plus d’un mois ou se sont répétés pendant une période plus longue.
L’addiction toutefois, ne peut pas se réduire à un comportement. Résultant de la rencontre entre un sujet, un produit et son environnement, elle porte en elle un sens et des causes qu’il faut expliciter par la psychothérapie.
Par ailleurs, j’ai trouvé un article scientifique où des auteurs ont construit un test plus élaboré pour déterminer si l’on est addict ou non (Vavassori, D., Harrati, S. & Favard, A. (2002). Le test des comportements addictifs. Psychotropes, 8, 75-96.) Lien sur le portail Cairn.
Il s’agit de répondre à 24 critères par 4 réponses : 1/ Très caractéristique de moi 2/ Assez caractéristique de moi 3/ un peu caractéristique de moi 4/ pas caractéristique de moi. Voici les critères :
- J’ai tendance à m’ennuyer.
- Je ne peux pas résister à l’envie de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…).
- Je suis particulièrement angoissé avant de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…).
- J’éprouve un soulagement et/ou du plaisir, pendant que je (Fume, Bois,
Sniffe, Achète, Joue,…). - J’ai l’impression de perdre mon contrôle quand je (Fume, Bois, Sniff,
Achète, Joue…). - (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…) c’est une pensée qui me vient souvent à l’esprit.
- Je (Fume, Bois, Sniff, Achète, Joue…) plus « qu’au début ».
- J’y consacre plus de temps qu’au début ?
- Quand je (Fume, Bois, Sniff, Achète, Joue…) je n’arrive pas à me limiter à ce que j’avais décidé de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…) au départ.
- J’ai tenté de réduire, de contrôler ou d’abandonner (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…) sans succès.
- Je passe beaucoup de temps à préparer, entreprendre ou à me remettre des effets de (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…).
- (La cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…) m’empêchent d’accomplir mes obligations professionnelles, scolaires, universitaires, familiales ou sociales.
- Je privilégie ou j’ai déjà privilégié le fait de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter,
Jouer…) au détriment de mes activités sociales, professionnelles ou récréatives. - Si on me disait que (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…) causent ou aggravent un problème d’ordre social, financier, psychologique ou physique, je continuerais à (Fumer, Boire, Sniffer,
Acheter, Jouer…). - Pour moi le fait de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…) a eu un impact négatif sur le plan social, familial, financier, psychologique ou physique.
- Je ressens le besoin d’augmenter (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…).
- J’ai l’impression que (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…) « comme d’habitude », me fait de moins en moins d’effet.
- Je suis agité, irritable, déprimé ou angoissé lorsque je ne peux pas (Fumer,
Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…). - L’arrêt ou la diminution de (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…) a entraîné pour moi un mal-être moral ou une perturbation sur le plan social, professionnel, scolaire, familial ou autre.
- Seulement si prise de substance : J’ai décelé l’apparition de nouveaux symptômes dès l’arrêt ou la diminution de la prise de (la cigarette, l’alcool, la drogue…).
- Mon entourage se plaint ou me reproche de (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…).
- (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…) peut me conduire à être dans l’illégalité ou l’immoralité.
- Mes dépenses pour (la cigarette, l’alcool, la drogue, la pratique du jeu, les achats…) représentent une part importante de mon budget.
- Si je ne pouvais plus jamais (Fumer, Boire, Sniffer, Acheter, Jouer…), je ne pourrais pas le supporter.
Dans leur article, les auteurs de ce questionnaire proposent un protocole détaillé où un entretien semi-directif accompagne la passation du questionnaire. Ils construisent aussi une analyse statistique des réponses sous forme de graphes. Pour le grand public, on peut déjà proposer ce questionnaire en l’état. Il a l’avantage d’inviter à s’interroger sur un comportement ou une consommation de substance potentiellement révélateurs d’une addiction. De manière générale, plus les réponses tendent vers le « oui, c’est très caractéristique de moi », plus le sujet est susceptible d’être un addict.
Pour finir, on peut préciser qu’il est possible de repérer une addiction sans avoir recours à de tels outils, même s’ils ont le mérite de donner un cadre plus scientifique et rigoureux à l’évaluation d’une possible addiction. Par exemple, la passation d’un même questionnaire à un grand nombre de personnes permet d’obtenir des résultats quantifiables.


