Comment définir l’addiction

Voici une citation/extrait de Saïet, Mathilde (2023). Les addictions. Presses Universitaires de France. coll. Que-sais je ?

Les addictions - Que-sais je ?

« La réunification autour du concept d’addiction, consensuelle, réussit le tour de force de faire se rencontrer l’approche psychanalytique francophone et l’approche psychiatrique nord-américaine qui soutiennent d’une même voix l’élargissement de la notion d’addiction au-delà des seules toxicomanies.

Avec le terme « addiction », généralisé aux « toxicomanies sans drogues », la conduite de dépendance s’affranchit en effet de la stricte pharmacodépendance, reléguée au second plan

Le risque, bien entendu, est celui d’une dilution du concept, que le champ addictif vienne se constituer en un nouveau leurre ou fourre-tout nosographique, comme parfois celui des états limites (J.-M. Venisse). L’acception, parfois trop large pour qu’elle puisse garder sa pertinence, peut en effet centraliser tout et n’importe quoi (le chocolat ?), devenir une catégorie où seraient classées toutes les « mauvaises habitudes »…

Le concept d’addiction pose un problème épistémologique et méthodologique : le regroupement avec d’autres troubles implique une réunification avec des pathologies actuellement dispersées dans la nosographie ; en outre, si on édifie le concept psychopathologique « organisation addictive », comment le positionner par rapport aux typologies classiques : névroses, psychoses, perversions, états limites ?

Une des définitions les plus usitées est une définition en négatif : « la perte de liberté de s’abstenir ».

C’est à Aviel Goodman, en 1990, que l’on doit une tentative de définition de l’addiction, laquelle, malgré son utilisation fréquente par les addictologues, n’a pas véritablement de valeur officielle, même si elle reste somme toute conforme aux critères du DSM. L’addiction est ainsi définie comme un « processus par lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives. »

Pages 16 à 66

Retour en haut