Mon hospitalisation / incarcération dans la clinique psychiatrique continue. J’étais déjà à 6 médicaments différents, listés dans l’article précédent, mon médecin en a rajouté un septième. J’ai l’impression de prendre autant de comprimés qu’une personne en chimiothérapie (qui demeure incomparable à mon état, de toute évidence). Je ne sais pas avec combien de médicaments je vais sortir de cette clinique mais ça commence à faire beaucoup. J’ai proposé une date de sortie le lundi 10 juin, acceptée par mon médecin. Il me reste donc sept jour à tenir. Sept jours encore enfermé et lourdement médicamenté.
La bonne nouvelle c’est qu’il n’y a plus de symptômes d’anxiété à l’heure actuelle mais un symptôme demeure et est très handicapant : l’akathisie. C’est à la fois un effet secondaire des neuroleptiques qui me sont prescrit et à la fois le résultat d’un syndrome de sevrage à long terme pour des addictions dures comme la mienne. Impossible dans ces conditions, de lire, d’écrire, ou de regarder un film ou une série sans se lever toutes les 2 à 3 minutes avant de se rasseoir ou de s’allonger. Je suis content que l’anxiété ait disparue, mais à quel prix chimique et symptomatologique ?
Au bout de presque deux semaines, je n’ai toujours pas rencontré de psychologues, qui sont de véritables fantômes de la clinique, invisibles et non disponibles. Les activités proposées sont de peu d’intérêt et de toute manière je ne peux pas y participer en me levant toutes les 3 minutes à cause de mon akathisie. Le psychiatre pense que ce symptôme devrait disparaître après l’arrêt des neuroleptiques d’ici mercredi. Par contre j’ai découvert un nouveau médicament anxiolytique qui n’est pas addictif et qui s’avère très efficace : la prégabaline. Je compte en parler avec mon médecin traitant dès ma sortie de cet environnement stressant, frustrant, anxiogène et déprimant.
Bref, nous sommes ici confronté à de la psychiatrie à l’ancienne : confinement du patient, contrôle réguliers de l’état du patient, restriction de ses mouvements, surveillance permanente, aucune vie privée, aucune intimité dans la chambre. La délivrance des médicaments se fait par les infirmières devant desquelles il faut avaler le médicament pour qu’elles soient sûr qu’il soit pris. Cela ressemble à un mauvais film hollywoodien sur les clichés de la psychiatrie d’après guerre, mais avec davantage de médicaments et les technologies modernes. Les infirmières disposent toujours d’un ordinateur qui leur permet d’entrer les médicaments prescrit dans une base de données et doivent rédiger deux rapports quotidien sur l’état du patient : un au lever à 8 heure et un à 18h. C’est l’occasion de très bonne discussions car les infirmières sont beaucoup plus à l’écoute que le médecin psychiatre qui passe certes me voir chaque jour mais pour une durée de 5 à 10 minutes seulement. Aucune action psychothérapeutique n’est organisé dans cette clinique, c’est à dire un traitement des symptômes sans médicaments. Comme j’ai signé un formulaire de consentement aux soins à mon arrivée, je ne peux pas refuser un médicament. J’ignore ce qu’il se passerait si je refusais un médicament et j’imagine qu’il vaut mieux ne pas le savoir.
Ce matin j’ai fait une nouvelle prise de sang, alors que je n’ai pas eu connaissance des résultats des dernières. J’en déduis qu’il n’y a aucune anomalie. Mais tant en ce qui concerne les prescriptions que les prises de sang, je n’ai aucune information écrite, ce qui m’oblige à bien demander le nom de chaque molécule prise afin de faire mes propres recherches ensuite.
En attendant, j’ai du m’interrompre huit fois (pour changer de position) afin de rédiger et publier cet article.


