Cette hospitalisation, où sont associées une surveillance médicale étroite et la confiscation de ma cigarette électronique, m’a donné toute la journée le sentiment de vivre en prison. D’où ma colère noire le soir, exprimé à ma mère au téléphone, face à ces conditions de vie qui ressemblent à celle d’un détenu, comme si j’étais puni pour mes addictions et non soigné comme je l’espérais. Je ne pense qu’à ma sortie et j’ai peur que la frustration généré par ces conditions de vie très strictes soit contre-productive, que tout cela engendre une nouvelle rechute plutôt que de consolider une abstinence durable. Évidemment, je n’ai pas encore le recul nécessaire pour évaluer les effets que ce séjour enfermé aura sur moi, ce sentiment de colère est donc à relativiser. J’ai besoin de davantage de temps et de distance.
Malgré ces sentiments négatifs, cette deuxième journée en clinique s’est déroulé calmement, alors qu’une fine pluie arrosait les jardins extérieurs sur les hauteurs de la ville. J’ai pris la peine de noter tous les passages dans ma chambre au cours de la journée par des intervenants extérieurs (infirmiers, aides-soignants, médecin) : 11 passages en tout de 8h à 21h (14 hier avec les examens sanguins, urinaires et l’électrocardiogramme). Voici la chronologie exacte de tous les passages dans ma chambre :
- 8h27 : Médicaments (infirmière) et petit déjeuné (aide-soignante), avec café, pain, beurre, confiture et yaourt
- 9h09 : Récupération du plateau du petit déjeuné
- 11h20 : Visite du psychiatre
- 11h35 : Ménage de la chambre par l’aide-soignante
- 12h06 : Déjeuné, repas du midi
- 12h17 : Passage d’une autre infirmière pour me demander si je vais bien
- 12h56 : Récupération du plateau-repas
- 16:09 : Distribution de sirop et vérification de mon état par l’infirmière
- 18h42 : Médicaments et repas du soir
- 19h31 : Récupération du plateau-repas
- 21h05 : Médicaments pour la nuit
Les substituts nicotiniques fonctionnent bien, même si cela n’est pas comparable à la sensation réelle de l’inhalation via ma très regrettée cigarette électronique. Cette grosse dizaine de passages quotidiens dans ma chambre limitent mon intimité, réduite à peau de chagrin. Il n’y a pas véritablement de moment privé dans une hospitalisation de ce genre et retrouver la tranquillité de ma propre chambre dans ma maison sera un vrai soulagement après un mois à ce régime.
J’ai participé à un atelier de psycho-éducation sur les psychotraumatisme (de 15h à 16h). Malgré quelques prises de notes, je dois avouer que je n’ai rien appris que je ne savais déjà. Mais le simple fait de participer m’a permis au moins de m’occuper pendant une heure. L’autre atelier auquel je devais participer (apprendre à exprimer sa colère) a été annulé. J’aurai l’occasion de le faire une autre semaine cependant. J’ai reçu une nouvelle fois la visite (brève) de mon psychiatre qui m’a inscrit à des ateliers obligatoires : groupe de parole sur les addictions, estime de soi, gestion des émotions, méditation et groupe de parole sur la dépression. Je commencerai ces ateliers la semaine prochaine. Pour le weekend, je n’ai pas encore vu d’ateliers planifiés.
In fine, il faut que je m’habitue à l’idée que je suis hospitalisé pour un mois. Cela va être long, difficile et cela représente un défi personnel qu’il me faut affronter et accepter. Il n’y aura pas de sortie anticipée. Je dois aller jusqu’au bout du programme et prendre mon mal en patience.


