La surenchère de médicaments continue, j’ai atteint le nombre de 10 molécules différentes prescrites. Voilà ce qu’est la psychiatrie : le traitement chimique de comportements et ressentis qu’on pourrait traiter sans médicaments par une psychothérapie, même brève. Néanmoins, mon état s’est grandement amélioré (si l’on met de côté les effets secondaires des médicaments : vision floue de près, somnolence). Je pense être en bonne forme pour ma sortie de l’établissement lundi prochain. Outre les médicaments, j’ai aussi deux patchs : un pour la nicotine, et un pour réguler la dopamine dans le cerveau, afin de lutter contre l’akathisie, qui s’étiole peu à peu.
Comme j’ai beaucoup parlé des aspects négatifs dans mes précédents articles, voici quelques points positifs de ma clinique : les repas sont de bonne qualité, le personnel soignant est chaleureux, souriant et bienveillant, en particulier les infirmiers et infirmières. Le lieu nous permet d’avoir un panorama unique sur des massifs montagneux. Ce qui est dommage, par contre, c’est que le terrain extérieur ne soit pas plus grand, afin de pouvoir y faire de véritables marches et non des aller-retour successives sur un terrain limité.
La présence de nombreux fumeurs à l’extérieur me rappelle la confiscation de ma cigarette électronique, et m’expose à un léger craving à chaque fois que je passe devant eux. Je n’ai pas pu céder à la tentation de leur demander une cigarette, mais vu le prix des paquets aujourd’hui on ne donne pas aussi facilement une cigarette qu’autrefois. D’ailleurs la cigarette ne m’a rien fait, ce qui est logique puisque je porte un patch nicotinique et que je prend des comprimés à sucer à la nicotine (tout deux sur prescription).
D’un point de vue plus général, mon état s’améliore. Je dois cependant garder en mémoire les souffrances des sevrages. Certains symptômes persistent des semaines après avoir fini de consommer un produit, tel des réminiscences pathologiques. Pour les gérer, j’ai les médicaments, mais aussi des ressources personnelles. Ma vision floue pour tout ce qui est proche de moi est un vrai handicap pour la lecture, mais je pense qu’il sera surmonté dès lors que j’aurais la maîtrise de mes médicament et que je pourrais réduire les doses du plus puissant d’entre-eux. En tout cas, vivement la liberté !


