Le caractère précieux de la santé mentale

Je suis saisi, ces jours ci, par le sentiment de la valeur précieuse de ma santé psychique. Après six mois de rechute et un séjour en clinique psychiatrique, aidé par un nouveau traitement médicamenteux, je me sens de retour dans un état normal. L’addiction m’avait fait oublié combien l’équilibre psychologique est quelque chose de fragile, vulnérable, précaire, et qui mérite d’être protégé, défendu, préservé. Une forme de quiétude domine mes affects, et je peux m’adonner à mes activités avec confiance et détermination. J’ai toutes les raisons de penser que cette nouvelle phase d’abstinence va durer. Elle repose sur des bases solides et une motivation forte. Je ne peux pas éliminer la possibilité d’une future rechute, mais je peux en réduire considérablement la probabilité. Pour cela, ma vie doit avoir du sens. Un nouveau projet professionnel, des lectures intéressantes, des perspectives d’avenir, bref, un retour à la vie stable constituent mon nouvel horizon.

Pour me protéger contre le risque de rechute, je vais continuer mon accompagnement dans mon CSAPA, même s’il sera peut-être moins régulier. En somme, mon retour à un sentiment de normalité me fait l’impression de recouvrer mes moyens affectifs et cognitifs d’être moi-même. Ainsi pourrais-je tenter de « devenir qui je suis » suivant l’injonction nietzschéenne. Les expériences extrêmes de surdosage ou de sevrages brutaux ont laissé des marques traumatiques, des cicatrices mentales que je ne dois pas oublier, sans toutefois trop y penser. Cet équilibre peut vaciller, ce qui importe le plus, c’est de ne plus consommer. Je me sens enfin capable de vaincre l’addiction, ce qui implique une certaine force mentale. Cette lutte intérieure à bas bruit va durer longtemps, peut-être toute ma vie, mais peu importe, du moment que je ne consomme plus. Il ne s’agit pas là de résilience mais plutôt d’endurance. Avec le temps, les sensations de craving devraient se dissiper progressivement. La conséquence, c’est que je me sens plus paisible. Je n’ai plus à me soucier des quantités de produit à gérer, des commandes, des attentes de livraison, des effets secondaires, des risques de toute nature qui caractérisent l’addiction. La levée de cette charge mentale rouvre le champ des possibles. Je retrouve ma liberté, et j’ai bien l’intention d’en profiter.

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