Il existe différemment traitements des addictions, fondés sur la pluralité des approches théoriques en psychologie et psychiatrie. Le traitement médical en particulier n’est pas utilisé seul, il doit être accompagné de prises en charges psychothérapeutiques issues de diverses écoles. De nombreux spécialistes, aidants, psychologues, addictologues et éducateurs participent au traitement des addictions.

1. Le traitement médical
Fondé sur nos connaissances sur le fonctionnement du cerveau, il est souvent caractérisé, dans le cas des opioïdes par exemple par des traitements de substitution (le fameux subutex). L’administration d’antidépresseurs peut aider le sujet à mieux affronter le sevrage. Un sevrage à des substances ayant une emprise forte sur les réseaux neuronaux doit se faire dans un établissement médicalisé, clinique ou hôpital. Il peut également se faire en ambulatoire dans les CSAPA (Centre de Soin et d’Accompagnement en Addictologie). Quel que soit le traitement, il s’inscrit dans une certaine durée et il faut se donner du temps pour parvenir à l’abstinence dans un premier temps et pour la consolider par la suite.
En matière médicale, il est souvent question du circuit de la récompense. Ce dernier est un ensemble de réseaux de neurones localisés à divers endroits du cerveau et qui permettent au sujet non addict de reconnaître l’existence de satisfactions : nourriture, chaleur, plaisir sexuel, mais aussi la vigilance vis-à-vis de potentielles sources de souffrances. L’addiction vient pirater le circuit de la récompense, le détourne de ses fonctions biologiques naturelles pour provoquer un plaisir intense. Les neurones dopaminergiques par exemple, ne sont pas localisées dans le circuit de la récompense mais participent à déclencher des sensations de satisfaction et de plaisir. La modification des circuits dopaminergiques constitue la base physiologique des addictions. La dopamine n’est pas le seul neurotransmetteur en jeu dans les addictions. La sérotonine et la noradrénaline jouent également un rôle important. Les produits psychoactifs augmentent tous la libération de la dopamine dans une zone du cerveau appelée le noyau accumbens. Le circuit GABAergique est lui aussi modifié par certaines substances, comme les benzodiazépines (anxiolytiques).
En stimulant la production de dopamine, les produits psychoactifs entraînent la sensibilisation et la tolérance. La tolérance serait à l’origine une réaction du cerveau pour contrer le piratage de son fonctionnement par les drogues en provoquant de la souffrance. C’est par la tolérance que l’on passe du plaisir au besoin : afin de se sentir dans un état « normal », l’addict ayant développé une forte tolérance à son produit a besoin de le consommer. Le traitement médical est donc focalisé sur les traitements de substitution en addictologie et les traitements par des médicaments psychotropes en psychiatrie. La substitution n’est pas là pour remplacer la drogue, mais pour qu’un médicament ayant une activité similaire au produit prévienne les symptômes de manque. Ces traitements sont de long terme et peuvent parfois être pris à vie.

2. L’approche psychanalytique
On parle ici d’approche psychanalytique car outre les psychanalystes freudiens, de nombreux psychologues cliniciens s’inspirent des concepts développés par la psychanalyse dans leur démarche psychothérapeutique. A côté d’une psychanalyse classique, il y a donc beaucoup d’approches cliniques qui réutilisent ses concepts mais sans respecter toutes les contraintes de la cure comme cela se faisait au siècle dernier.
La psychothérapie d’inspiration analytique a pour objectif de réanimer le fonctionnement psychique du sujet pour favoriser d’autres solutions que le recours au comportement ou à la substance à laquelle on est addict. Le psychologue soutient le patient dans une démarche d’analyse et de compréhension de ses symptômes, afin de leur donner du sens dans l’objectif de parvenir à l’abstinence.

3. Les thérapies cognitives et comportementales
A l’origine de l’approche cognitiviste il y a la théorie du conditionnement, et son emblème historique, le fameux chien de Pavlov. L’addiction résulte ici d’un apprentissage qui conduit à répéter un comportement néfaste à sa santé mais également aux autres aspects de sa vie sociale. L’effet plaisant des drogues agit comme un renforcement positif du comportement induit. Dans la conception cognitive, le sujet est conçu comme un système de traitement de l’information dans une situation donnée. L’information est traitée selon des schémas qu’il faut mettre au jour et déconstruire progressivement via des exercices à définir avec le thérapeute. Le rôle des pensées, des images mentales est particulièrement mis en avant dans ce traitement. Il s’agit de comprendre la connexion entre la cause et l’effet, l’action et la conséquence. En traitant l’information, chaque sujet met en place des stratégies cognitives : tout comportement inadapté devient le reflet et la conséquence d’une perturbation dans le traitement de l’information, ce qui conduit à de mauvaises décisions, néfastes pour la santé et l’environnement du patient.
La conduite addictive est considérée comme une forme d’automédication qui installe un cercle vicieux en accentuant les problèmes qu’elle est sensée résoudre. Il va s’agir de remplacer le comportement pathologique par un comportement plus adapté. Il faut déconditionner le patient afin de mettre en place de nouveaux comportements. La confrontations aux situations réelles est souvent précédée par un entraînement dans le bureau du thérapeute. Les thérapies cognitives et comportementales ont régulièrement recours à des tests, des questionnaires, des échelles spécifiques pour évaluer l’état du patient et les mesures à prendre. On notera également que du point de vie cognitif une série de fausses croyances est déterminante dans le maintien du comportement pathologique, comme l’illusion de la maîtrise du hasard dans les addictions aux jeux d’argent.

Synthèse et ouverture
Même si la dichotomie entre clinique analytique et thérapies cognitives et comportementales structure le champ de la psychologie depuis des années, elles ne sont pas les seules approches, bien que les plus utilisées. Il existe également l’approche dite intégrative, qui essaye d’adapter les outils en fonction du patient, l’approche existentielle qui mettre l’accent sur le sens des émotions et du vécu, une approche phénoménologique et d’autre thérapies moins reconnues d’un point de vue académique. Il ne faut pas oublier non plus les groupes de parole, parfois d’inspiration religieuse. La meilleure manière de soigner une addiction reste d’être accompagné par une équipe de praticiens comme c’est le cas dans les CSAPA : éducateurs spécialisés, psychologues, addictologues forment une équipe très complémentaire qui a le mérite de collaborer au service du patient. La liste des CSAPA de France est disponible ici.

Note : Les informations contenues dans cet article ont été trouvées dans la lecture de l’ouvrage suivant : Saïet, M. (2023). Les addictions. Presses Universitaires de France.


