Les Nouveaux Produits de Synthèse

Au centre de mes addictions figurent les Nouveaux Produits de Synthèse (NPS). Il s’agit d’analogues chimiques purs des drogues traditionnelles issues des plantes. Ils sont chaque année plus nombreux et leurs effets sont en général beaucoup plus puissants que leurs équivalents naturels. Pour ma part, j’ai consommé des cannabinoïdes, des benzodiazépines et des opioïdes de synthèse, je connais donc le problème de près. Peut-être parce que leurs effets sont décuplés, leur potentiel addictif l’est tout autant. Ils provoquent des syndromes de sevrages puissants et dangereux et ont provoqué des morts par overdose. Les NPS ne sont pas anodins, ils sont faciles à se procurer et profitent des ambiguïtés des législations nationales pour se répandre parmi les usagers de drogues.

Les NPS sont fabriqués en modifiant plus ou moins à la marge la structure moléculaire des drogues classiques. Ils proviennent massivement de laboratoires en Chine, Inde et clandestinement dans certains pays européens. On en dénombre des centaines par catégorie de substance. Les autorités publiques ont recensé 800 cas graves d’abus ou de complications somatiques dus aux NPS entre 2009 et 2017, dont 71 ont conduit à des décès, soit près de 9%. Environ 400 NPS nouveaux sont recensés chaque année en France. C’est dire l’ampleur du phénomène.

Pour ma part, tous les NPS que j’ai consommé, et dont j’ai été addict, l’ont été par vapotage en cigarette électronique. La facilité d’usage est ici un facilitateur de l’addiction. On trouve encore peu d’articles scientifiques sur le sujet, mais voici des extraits choisis d’un article intéressant trouvé sur le portail Cairn :

Les nouveaux produits de synthèse (NPS) ont totalement bouleversé la scène des drogues et le paysage actuel des addictions. Ces substances n’existent pas à l’état naturel, et sont élaborées à partir de nombreuses réactions chimiques. Appelées également designer drugs, legal highs ou euphorisants légaux, euphorisants végétaux ou herbal highs, sels de bains, engrais, encens, research chemicals (RC) ou produit chimique pour la recherche non consommable par l’homme, elles ont fait leur apparition sur le marché des drogues à la fin des années 1990. (…)

Les fabricants, les trafiquants et les fournisseurs de ces NPS s’adaptent en permanence au marché afin de contourner les mesures de contrôle et d’interdiction mises en place par les autorités compétentes nationales et internationales. Aujourd’hui, les NPS sont essentiellement vendus sur des sites Internet et constituent généralement une alternative « légale » aux produits psychoactifs contrôlés et réglementés. (…)

De structure moléculaire proche de certaines substances psychotropes naturelles, elles en imitent les effets, sont chimiquement plus pures, et ont donc un principe actif psychotrope plus fort. Des expériences psychotropes « sur mesure » sont créées pour répondre à un marché en demande incessante d’innovation. Ces nouvelles substances ont souvent des effets psychotropes inattendus. (…)

Le renouvellement rapide de nouvelles molécules obtenues par des modifications chimiques apportées à des substances préexistantes permet de contourner les législations en vigueur. Dans cette course effrénée entre l’innovation et la réglementation, les trafiquants ont toujours une voire plusieurs longueurs d’avances sur le législateur. Ce vide juridique est dès lors source de confusion chez le consommateur car partant du principe que ce qui est légal est en conséquence moins dangereux que ce qui est illégal, les effets des NPS souvent minimisés et banalisés, ce qui favorise leur diffusion chez les nouveaux consommateurs à la recherche d’un produit légal à consommer dans un but récréatif. L’expansion des NPS s’explique également par leur coût modéré, leur facilité d’accès et leur relative disponibilité via le web notamment. (…)
Karila, L. & Benyamina, A. (2018). Les cathinones de synthèse : un nouvel aspect du spectre des addictions. PSN, 16, 33-44. Accès direct en ligne à l’article