Les thérapies cognitives et comportementales
La psychologie cognitive et comportementale considère que nos pensées (idées, croyances) déterminent à la fois nos émotions et nos comportements. Des pensées dysfonctionnelles ou des croyances erronées vont ainsi produire des comportements désadaptés et engendrer des troubles psychologiques. En plein essor depuis une vingtaine d’années les thérapies cognitives et comportementales (TCC) proposent une approche différente de la psychanalyse ou de la phénoménologie pour traiter les troubles psychiques. En générale il s’agit de thérapies courtes avec un nombre de séances n’excédant pas une vingtaine d’entretiens avec le thérapeute. S’il y a une bonne alliance thérapeutique (une collaboration motivée du patient et du thérapeute), ces thérapies peuvent se montrer efficaces à court et moyen terme. On les utilise pour modifier le comportement en se concentrant davantage sur le présent et l’avenir plutôt que sur le passé qu’on ne peut pas changer.
Il s’agit d’une approche standardisée qui propose des prises en charges similaires et des outils communs pour traiter divers troubles psychiques. Dans une TCC on se concentre sur la suppression du symptôme à l’origine d’un dysfonctionnement ou son remplacement par des alternatives mieux adaptées à la vie du patient. L’apprentissage de nouveaux comportements va se faire par différentes étapes. A l’issue d’une TCC, le patient disposera d’outils qu’il pourra mettre en œuvre en autonomie, notamment pour prévenir les rechutes.

L’approche cognitivo-comportementale pour les addictions
Du point de vue cognitif et comportemental une addiction est associée à un comportement mis en place par un renforcement positif (répétition pour obtenir des effets euphorisants) ou d’un renforcement négatif (répétition pour supprimer des émotions négatives ou obtenir un effet tranquillisant). Les croyances sur l’effet d’un produit ou d’un comportement addictif sont, dans cette perspective, la cause de l’addiction. La consommation ou le comportement addictif est précédé de pensées anticipatoires définies comme des attentes vis-à-vis de l’effet du produit de l’activité de l’addict. On retrouve aussi des pensées permissives qui vont autoriser l’accès au produit et des pensées soulageantes qui ravivent les attentes d’apaisement.
On utilise souvent des cartographies mentales, comme celle de l’analyse fonctionnelle pour mieux comprendre le fonctionnement cognitif et comportemental du patient.

On peut aussi analyser le lien entre une situation, des émotions, des pensées, des comportements et leurs conséquences afin de mettre en place des alternatives plus saines. Ces analyses se présentent sous forme de tableau à remplir avec le patient.


Limites et critiques de l’approche cognitivo-comportementale
Parce que l’addiction, en particulier sur de longues durées, modifie la chimie du cerveau, l’action sur les pensées va avoir un effet limité. Le propre de l’addiction est d’ailleurs de neutraliser le néocortex pour isoler le circuit de la récompense responsable de la production de dopamine et de l’expérience du plaisir. Le taux de rechute sur le long terme est donc peu impacté par la restructuration des pensées. Dans une addiction, les conditionnements sont tellement automatisés qu’on ne peut que difficilement accéder aux processus mentaux comme la cognition ou les pensées. C’est pourquoi le traitement des addictions est plus efficace lorsqu’il traite toutes les dimensions de cette pathologie : le biologique (chimie du cerveau), le psychologique (pensées et émotions), le social (relations). Face à ces limites, certains praticiens de la TCC ont donc adopté des approches complémentaires, comme la méditation en pleine conscience. Par ailleurs, les thérapies cognitives et comportementales ont été critiquées par les praticiens des thérapies psychodynamiques ou d’inspiration psychanalytique, parce que la TCC ignore certaines dimensions de la subjectivité. Son approche standardisée ne laisse que peu de place à l’expression du sujet dans sa singularité existentielle, son besoin de sens quant à son expérience de la vie tant passée que présente et future.
Sources :
Von Hammerstein, C. & Morel, A. (2019). Chapitre 34. Thérapies Cognitivo-Comportementales et Mindfulness. Dans : Alain Morel éd., Addictologie: En 47 notions (pp. 461-476). Paris: Dunod.
Palazzolo, J. (2020). Les thérapies cognitives et comportementales. Presses Universitaires de France.


