Mes déclencheurs : les causes de rechute (1)

Je vais détailler ici les éléments biographiques qui peuvent expliquer des rechutes, avec la mise en avant de mon expérience personnelle. Cette liste est donc propre à l’auteur de ce blog et il convient de garder en tête l’incroyable diversité des comportements humains. C’est justement à cette diversité que l’addiction s’en prend, nous rendant tous égaux dans l’expérience d’un craving.

Note : le craving, c’est l’envie puissante de consommer un objet ou exercer une activité comme si notre vie en dépend littéralement. L’anglicisme est resté, par simplicité. On trouve des ouvrages, des articles scientifiques et des expériences savantes à ce sujet qui demeure mystérieux, et précède souvent les causes de rechute que je vais détailler ensuite. Même les abstinents de longue durée sont confrontés au craving.

1-Une mauvaise nouvelle

Nous en avons tous connu, prenons à titre d’exemple, l’une des pire : la perte d’un être cher, d’un collègue, ami, frère, soeur, parent… L’addict non abstinent répondra à cet évènement par une rechute, ce qui fait qu’il ne pourra pas vivre l’évènement en question en pleine conscience, rendant le deuil encore plus difficile car figé dans un temps immobile, aboli par les drogues. Comment faire son deuil lorsque durant les funérailles, les périodes en amont et en aval d’un décès, vous êtes dans un état de conscience altéré où il est agréable de voleter entre les nuages des idées noires à la manière d’un colibri suçant la muqueuse météorologique ?

Exemple personnel : J’ai divorcé en 2020-2021 (la procédure a pris 2 ans à cause de la pandémie). Quand j’en parle autour de moi, je dis que « c’est le divorce le plus stupide de l’histoire des divorces« . Les choses ne sont bien évidemment pas aussi simples. Tel que je l’ai vécu à l’époque, ma compagne était un obstacle à la consommation de cannabinoïdes de synthèse. Sans sa présence, je pouvais consommer autant que je le désirais, et vivre ainsi pour toujours. La séparation eut lieu et de nombreuses aventures addictologiques se déroulèrent ensuite. Trois ans plus tard elle me recontacte, probablement par nostalgie et par besoin de réconfort face à l’annonce du cancer de sa mère. Il n’est pas impossible que des restes d’amour aient aussi favorisé cette reprise de contact. Elle me propose, sous condition, d’engager ensemble un dialogue qui, de ses propres mots, pouvait conduire à ce que nous formions à nouveau un couple. Nous commençons donc à discuter via Whatsapp et à nous envoyer de longues lettres en pièces jointes de nos email. Puis un jour, soudainement, elle m’annonce en seulement quelques phrases que tout est fini entre nous, qu’elle a rencontré quelqu’un et que le contact entre nous est à jamais rompu. Voilà une cause de rechute pour moi. Ce sentiment d’être manipulé, trahi, méconduit, je n’ai pas su y répondre autrement que par des abus d’anxiolytiques.

2 – Une excellente nouvelle

Dans la perspective bipolaire (anciennement « maniaco-dépressif); ou cyclothymique (même pathologie, avec des symptômes moins forts), on alterne les périodes d’euphorie, de joies et de plaisirs extrêmes, et de prises de risques ludiques dans leurs dimensions dangereuses. On appelle cela l’état maniaque. Rien à voir avec une névrose obsessionnelle de la propreté, l’état maniaque se caractérise par une exaltation de tous les instants. Le monde et son expérience acquièrent une intensité inégalée. Il s’agit de tout vivre à fond, de tout expérimenter, de s’engager dans une multitude de projets. L’état maniaque peut se déclencher seul ou être déclenché par un évènement extérieur : exemple paroxystique : vous êtes financièrement démunis et vous gagnez au loto.

Exemple personnel : j’apprends que j’ai gagné une somme importante d’argent alors que mon compte finit les mois dans le rouge. Dès que le reçois le virement, la première chose que je fais « pour fêter cela », c’est de m’acheter des cannabinoïdes de synthèse avec une option (illusoire) de livraison rapide.

C’est ainsi que fonctionne dans sa dérive pathologique le circuit de la récompense dans notre cerveau : on se récompense quand on réussit ou lorsqu’un événement positif arrive, on se réconforte lorsqu’un événements négatif survient. Il est toutefois possible de se sortir de ce schéma, avec beaucoup de volonté, d’endurance et de patience, et surtout, en ne croyant pas pouvoir s’en sortir seul. Le recours à l’aide d’un CSAPA (Centre de Soin et d’Accompagnement en Addictologie) est une nécessité.

Retour en haut