Suite de l’article 1 et de l’article 2 sur le même sujet.
5 – La recherche du plaisir
Toujours dans le fantasme de réinitialiser mon cerveau, ce que j’ai eu l’impression de faire avec le LSD et les champignons hallucinogènes, l’une des causes évidentes des rechutes est la recherche d’un plaisir fort, beaucoup plus puissant qu’un orgasme. Cette quête du plaisir absolu n’a jamais fonctionné, tout simplement parce qu’à notre échelle, nous vivons dans un monde temporel. Le plaisir procuré par une drogue peut être fort, mais il reste à jamais temporaire. Or l’absolu ne tolère pas le temporaire, et dès lors, le plaisir absolu n’existe pas.

Début septembre 2023, j’ai fait une overdose d’un médicament neuroleptique appelé le Tercian (nom commercial) ou cyamémazine en générique. Je suis resté trois jours avec de la tachycardie, de l’akathisie (le fait de ne pas pouvoir conserver une position pendant plus de quelques minutes, que ce soit allongé, assis ou debout). Une fois le médicament et ses effets éliminés par l’organisme, je surconsommai de l’alprazolam, qui me donna un immense sentiment de bien-être. C’est sous alprazolam (un anxiolytique de la classe des benzodiazépines) que je commandai des produits pour planifier une rechute. Le plaisir ressenti était tellement fort qu’il fallait à tout prix que je le prolonge. C’est donc suite à une forte douleur psychique et corporelle, suivie d’une intense mais courte période de plaisir, que je causai une rechute qui dura 4 mois et dont je sors à peine à cet instant. Cette succession d’événement est délicate et je n’avais pas la force de m’en sortir autrement que par la rechute. Cela indique aussi le chemin à parcourir pour inscrire dans le temps long de l’abstinence.
6 – La violation de mon intimité
Cette cause est très personnelle et correspond à ma structure de personnalité. L’intimité pour moi est un concept protecteur, comme un bouclier contre les intrusions, les ingérences et les atteintes à l’estime de soi. L’atteinte à l’intimité peut-être verbale, physique, symbolique. L’intimité est proche des concepts de dignité, de fierté, d’estime de soi. Sans le respect d’un espace de sécurité, où qu’il soit, je panique vite. Et qui dit panique, dit, en l’absence d’abstinence solide, risque de rechute. C’est sans doute pour cela aussi que je vis très mal les situations de trahison de confiance. Pour moi la confiance est quasi sacrée. Et ce n’est pas une bonne chose car l’addiction me décrédibilise en matière de confiance. On ne peut pas me faire confiance vis à vis des objets de mes addictions. Pour tout le reste par contre, je suis digne de confiance. Ce paradoxe créée une véritable dissonance cognitive que je supporte très mal. Elle renforce mon désir d’abstinence sur le temps long, durant toute ma vie.



