Les benzodiazépines sont une classe de médicaments qui sont utilisés pour leurs propriétés anxiolytiques (réduction de l’anxiété), hypnotiques (troubles du sommeil) et myorelaxantes (relaxation musculaire). Connu sous les noms commerciaux de Xanax (alprazolam) ou Valium (diazépam), ils présentent un fort risque d’addiction.
Mon addiction aux benzodiazépines
Ma première prescription d’alprazolam (Xanax) date de 2018. Aujourd’hui j’ai toujours une prescription de diazépam (Valium), avec une dose réduite chaque semaine pour m’amener à un arrêt total de consommation d’ici une dizaine de jours. J’ai longtemps acheté des analogues synthétiques (Nouveaux Produits de Synthèse ou NPS) de l’alprazolam sur internet pour augmenter les effets ressentis. Je recherchais dans cette forte consommation de médicaments psychoactifs un effet à la fois fortement tranquillisant et légèrement euphorisant, avec une sensation de bien être généralisé dans tout le corps et un ralentissement des pensées, notamment morbides. J’ai ainsi développé une forte addiction sur plusieurs années. Mon arrêt total de ce type de médicaments est donc en cours et devrait se concrétiser d’ici quelques semaines. Il faudra ensuite surveiller d’éventuelles symptômes de sevrage et le craving, cette envie irrésistible d’en consommer, caractéristique de la dépendance psychologique. Ce n’est qu’après l’arrêt du diazépam que je pourrais m’attaquer à la dernière substance que je consomme de manière addictive : un opioïde de synthèse vaporisé commercialisé comme NPS sous le nom de protonitazepyne.


Sevrage et abstinence
Au delà du sevrage, maintenir une abstinence solide et durable sera un véritable défi, du fait de ma forte consommation de ces médicaments sur plusieurs années, qui a créé une dépendance physique et psychique. Il faut aussi laisser du temps au cerveau pour retrouver un équilibre chimique sans ces substances. Le retour d’une forme d’anxiété généralisée est possible et souvent associée au sevrage. Pendant des années, les psychiatres et les médecins ont prescrit ces médicaments sur de longues durées. Aujourd’hui les autorités sanitaires recommandent de ne pas dépasser des prescriptions de 4 à 6 semaines au maximum, justement pour éviter les risques d’addiction. Tous les professionnels de santé n’appliquent pas encore ces recommandations. Les benzodiazépines font partie des médicaments psychotropes les plus prescrits en France où leur consommation est importante. Les risques de l’usage prolongé de ces substances sont des troubles du sommeil, de la mémoire et de la cognition (pensée). Pour les personnes âgées, le risque de démence induite par ces médicaments est accrus. Je me sens prêt à l’arrêt et au sevrage et ma motivation est forte. Cependant, si les symptômes de manque sont trop forts, le risque de rechute est important. Comme pour tous les benzodiazépines, le sevrage doit se faire par une diminution très progressive des dosages. L’arrêt brutal des benzodiazépines, notamment avec avoir développé une forte tolérance est très dangereux, voire mortel. Mon protocole de sevrage repose donc sur une diminution très lente des doses.


Je ne recommande bien sûr à personne d’utiliser et d’abuser de ces substances. L’addiction aux benzodiazépines est dangereuse et peut avoir de graves conséquences sur la santé. Si un médecin vous en prescrit, il faut bien suivre la prescription et à tout prix éviter l’automédication que représente souvent l’addiction. Parfois, chez les usagers de stimulants, l’usage des benzodiazépines est utilisé pour limiter les effets négatifs et douloureux de la descente ou des mauvaises expériences, comme avec le LSD ou la cocaïne. Pour ma part, j’ai besoin d’un mode de vie stable et d’un peu de chance (éviter des déclencheurs de rechute) afin que le sevrage d’abord puis l’abstinence ensuite se déroulent bien.
Source : Blecha, L. & Benyamina, A. (2016). 108. Addiction aux benzodiazépines. Dans : Michel Reynaud éd., Traité d’addictologie (pp. 745-750). Cachan: Lavoisier.


