Mon expérience des opioïdes

Le bien-être artificiel

Durant la longue histoire de mes addictions (voir la chronologie dans cet article), j’ai plusieurs fois consommé des opiacés (dérivés de l’opium) ou opioïdes (dérivés synthétiques). Ce fut d’abord la codéine pendant 4 ans, puis une brève expérience du tramadol, qui ne m’a pas satisfait car trop puissant, et enfin de la protonitazepyne, probablement le nom commercial d’un dérivé allégé des nitazènes, des opioïdes de synthèse, vapoté en cigarette électronique. Les opioïdes présentent des effets d’intensité variable selon le produit, son dosage et la manière de le consommer. De manière générale, une sensation de bien-être envahissant tout le corps est ressentie, avec l’impression de flotter, de planer. Il y a aussi des effets antalgiques (diminuant la douleur, d’où l’usage médical de la morphine, l’opiacé le plus utilisé en hôpital), et également des effets anxiolytiques et sédatifs. Des produits forts comme le tramadol, peuvent conduire à une dépression respiratoire (arrêt du mécanisme cérébral qui automatise la respiration), source d’overdoses parfois fatales. Pour ma part, je n’ai consommé que des opioïdes à effets légers. La codéine m’apportait du soutien contre le stress éprouvé au travail. Je n’ai jamais pris de doses dangereuses d’opioïdes, contrairement aux autres substances dont j’ai été addict, comme les benzodiazépines. Actuellement j’entre progressivement en sevrage de la protonitazepyne, vapotée en cigarette électronique et qui a des effets très légers, quoique fortement addictifs. Ce produit appartient aux nouveaux produits de synthèse, avec lesquels il faut se montrer prudent (idéalement abstinent), car très peu de recherches ont été conduites sur leurs effets.

Un sevrage délicat

Le sevrage d’une consommation d’opiacés est délicat. Comme pour tout sevrage l’arrêt brutal est déconseillé car dangereux pour le corps. Il faut diminuer les doses très progressivement. Pour les opioïdes, une dépendance physique forte se met en place rapidement, à cause d’une action directe sur la production d’endorphines, de dopamine et de sérotonine dans le cerveau. Une tolérance pousse à augmenter sans cesse les doses, ce qui n’est pas mon cas pour la protonitazepyne. Une assistance médicale est fortement recommandé. Il est possible de faire le sevrage dans un service d’addictologie en hôpital. Pour ma part, le sevrage se fera probablement en ambulatoire, sauf apparition d’un syndrome de manque impossible à gérer en autonomie. De manière générale, il faut à tout prix éviter la consommation de ces substances. Le danger de mort par overdose est en effet important, même si la mise en place de pratiques de réduction des risques dans les CSAPA a fortement diminué le nombre de victimes depuis les années 1980. Notons qu’il existe un antidote aux opioïdes, la naloxone, qui permet d’arrêter les effets de ces substances, notamment en cas d’évanouissement et d’arrêt respiratoire.

Bientôt l’abstinence

Après l’arrêt en cours du diazépam, et de la protonitazepyne, je connaitrai à nouveau l’abstinence, pour la durée la plus longue possible, je l’espère. Pour consolider l’abstinence et travailler sur mes troubles psychiques, et à mon initiative, je vais très probablement faire un séjour en clinique psychiatrique pendant plusieurs semaines. Lorsque cela sera le cas, je tiendrai sur ce blog un journal de ma cure, afin de témoigner des activités et traitements proposés dans ce type de prise en charge. Ce sera l’occasion d’encourager les autres victimes d’addictions à ne pas hésiter à avoir recours à tous les moyens à notre disposition pour se soigner.

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