L’art, cette pratique qui consiste à travailler la forme, la matière, pour en explorer les possibilités jusqu’à l’extrême subtilité ou la subtile extrémité, ne pouvait pas ignorer la psychopathologie des addictions. Je vous propose ici un petit voyage à travers quelques œuvres qui ont pris pour thème et comme source d’inspiration les drogues et les addictions.
1. Upside Down Mushroom Room (2000)

L’artiste allemand Carsten Höller, docteur en biologie et spécialiste de la communication olfactive chez les insectes propose une installation composée de champignons hallucinogènes suspendus. Le visiteur déambule dans une pièce où se succèdent des champignons géants, aux formes variées, et qui représente une seule espèce, l’amanite toxique, et donc pas les plus consommés des champignons, ceux qui produisent la psilocybine, ce que l’on pourrait regretter. Ceci dit, en matière de couleurs et de formes l’espèce choisie présente un potentiel artistique plus grand que les frêles champignons à psilocybine qui n’ont aucune couleur, dans leur blanchâtre et frêle disposition.
2. La Maison Malade, 1999–2011

Chez la plasticienne Jeanne Susplugas, on trouvera dans l’installation « La Maison Malade » un sol jonché de boîtes de médicaments psychotropes : des boules à facettes moulées à la forme de la structure chimique d’anxiolytiques ou d’anesthésiques, ou des néons à la gloire du Doliprane, des boîtes d’alprazolam, de diazépam, et autres substances psychoactives disponibles sur prescriptions et souvent objets d’addictions.
3. Psilocybin Mushrooms (2 caps onset), 2017


Performeur et musicien américain, Bryan Lewis Saunders dresse chaque jour son autoportrait depuis 1995, compilant près de 9000 représentations de lui-même dont les styles et les ambiances varient. En 2001, il fait parler de lui en s’essayant durant quelques semaines au même exercice sous influence d’une drogue nouvelle chaque jour. Xanax, valium, absinthe, cocaïne, toutes y passent et l’on suit les dérives cognitives de l’artiste dont la vision est troublée, déformée, remodelée dans un voyage aux mille visages explorant les limites de la perception et de l’identité.
On traite parfois les addictions, en particulier lors des post-cures, par l’art-thérapie. Nulle surprise dès lors que les artistes se soient emparés des drogues, pour en faire un objet de travail ou pour chercher l’inspiration. Ici, nous avons présenté trois œuvres d’art plastique. Mais nous reviendrons dans des articles ultérieurs sur les drogues et l’addiction dans la littérature. Je me confectionne pour le moment une bibliographie d’œuvres littéraires qui traitent de l’expérience des drogues afin de pouvoir vous en rendre compte de manière critique dans de futurs articles. Affaire à suivre donc…


