Point de vue psychanalytique sur l’addiction

Voici une citation issue de l’ouvrage : Psychanalyse des addictions, Gérard Pirlot, éd. Dunod, 2019, 3e édition

Citation : (page 150)

« Le sujet addict, comme souvent l’adolescent, et plus généralement le sujet alexithymique, tentera de substituer les sensations aux émotions toujours susceptibles de surprendre son moi et de mettre celui-ci en situation d’une passivité proche d’une détresse traumatique générée par des affects liés aux objets d’attachement. Comme le remarque R. Roussillon, « les sensations permettent de se sentir exister en coupant des liens libidinaux qu’entretient la dépendance avec l’objet. En ce sens, elles sont un moyen de lutte contre la dépression mais à la longue leur effet anti-introjectif vulnérabilise le sujet. Dans l’escalade mortifère vers laquelle il se trouve pris, il est contraint d’augmenter les sensations pour pouvoir continuer à se sentir exister, et combler son sentiment de vide interne ». Ici la difficulté de séparation n’est pas élaborée mais contournée, et, remplacée par une relation de dépendance toxicomaniaque dans une consommation de l’objet du besoin qui peut se concevoir sans fin, tandis qu’est évitée toute confrontation au manque de l’objet d’attachement. »

Commentaire :

Je suis en train de lire ce livre, d’un niveau de lecture relativement élevé et qui fera l’objet d’une note de lecture ultérieurement. Cette citation résume bien et de manière synthétique le point de vue psychanalytique des addictions : elles seraient causées par une défaillance de l’introjection, de la séparation entre le moi et l’objet durant l’enfance. Comme souvent en psychanalyse le rôle de la mère à la petite enfance est souvent mis en cause, ce qui peut susciter un certain rejet par des lecteurs qui ne comprennent pas qu’il ne s’agit pas d’un jugement mais d’un point de vue théorique.

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