Voici mes notes et commentaires concernant l’ouvrage Psychopathologie des addictions : 12 cas cliniques, sous la direction de Lydia Fernandez, édition In Press, 2010

Ce livre présente plusieurs intérêts : avec ses 28 auteurs, il présente 12 cas cliniques d’addictions avec des approches psychologiques différentes, toutes intéressantes et complémentaires. C’est une lecture plutôt facile, quoique les références aux échelles d’évaluations psychologiques que ne connaîtra pas forcément le lecteur peuvent se montrer un peu obscures, en particulier dans le premier chapitre. On y retrouve la diversité des addictions, qu’elles aient pour objet des substances psychoactives ou des comportements pathologiques.
Je vous propose un extrait un qui a attiré mon attention car, si l’on remplace le jeu pathologique par des substances psychoactives, je me retrouve exactement dans ce que décrit l’auteur du chapitre 10 dans ce passage.
Extrait, page 226, au sujet de Julia, addict aux jeux d’argent :
« Le jeu peut être perçu comme un moyen de perpétuer ce fonctionnement psychique, cette défense lui permettant de rester dans un état « second », un état en dehors de la réalité. Le jeu a pour elle une fonction d’automédication. Il s’agit d’une tentative de rendre plus tolérables, voire d’oublier, des émotions qu’elle ne peut pas affronter et gérer. Le jeu permet de ne pas penser, de déconnecter représentation et affect. Le jeu a pour but de réduire ses émotions désagréables, affects qu’elle ne peut traiter autrement. Le jeu représente ici une fuite. Le jeu s’apparente à une conduite anti-pensée, anti-représentationnelle faisant une véritable économie de l’affect et de la représentativité. Confrontée à des affects douloureux provoqués par un événement de vie ayant eu valeur de traumatisme, Julia peut ainsi se couper transitoirement ou durablement de sa conflictualité psychique. Le jeu a un rôle de pare excitations des affects traumatiques, il permet de colmater des angoisses non représentables par son psychisme. Les sensations du jeu sont un moyen de tenter de pallier cette angoisse. Le jeu constitue un aménagement défensif compensateur du fait de la faiblesse des mécanismes de défense et de l’incapacité de son moi à réguler et moduler ses émotions. Le jeu met à distance les affects douloureux, non élaborés par Julia. : « Je pars ailleurs dans ma tête, je ne suis plus moi-même, je me fous de tout, même de ma fille, une fois dans le casino, ça dépasse le reste« . Pendant le jeu, elle est dissociée, elle perd la notion de temps, elle oublie le temps et l’espace, elle est dans un état proche de la dépersonnalisation qui la coupe de ses pensées et de ses affects. »
Commentaire
Ce livre est accessible à tous, mais est plus particulièrement à conseiller aux étudiants et praticiens en psychologie. Le cas clinique, c’est la description de la psychopathologie d’une personne particulière, avec des descriptions de son histoire personnelle et une interprétation théorique. On retrouvera dans ce livre toute la diversité des approches théoriques en psychologie : psychodynamique, psychologie différentielle, approche psychanalytique, intégrative, cognitivo-comportementale…etc.


