Vrai ou Faux ? Les préjugés sur les addictions

Voici une liste de préjugés à déconstruire concernant les drogues et les addictions.

FAUX. Les addictions, qu’elles soient comportementales (jeu pathologique, jeux vidéos…) ou psychobiologiques (substances psychoactives) modifient durablement la chimie du cerveau de sorte qu’on ne peut pas s’en sortir tout seul, même avec beaucoup de bonne volonté. C’est seulement dans l’arrêt de la cigarette que les études notent un nombre conséquent d’arrêts sans aide extérieure, même s’ils sont inférieurs au nombre d’arrêt avec une aide médicale. L’imagerie cérébrale confirme ce constat : le cerveau des addicts est reconfiguré de sorte à ce que le circuit de la récompense est moins connecté avec le cortex préfrontal, diminuant la possibilité d’un contrôle comportemental de la consommation ou du comportement caractérisant l’addiction.

FAUX. En 2022, le tabac est responsable 75 320 décès et l’alcool de 41 000 décès alors que les substances illicites, toutes confondues, y compris les opioïdes ne sont impliquées que dans 503 décès. Les drogues dures ne sont donc pas celles que l’on croit… Source : rapport de l’OFDT pour 2022.

FAUX. Une addiction est une maladie chronique d’autant plus incurable qu’elle a duré longtemps. Le cerveau mémorise en effet en profondeur les effets des produits consommés ou des comportements concernés, de sorte que même une petite consommation peut déclencher une rechute. En outre, il est possible qu’une rechute ait lieu après des années, voire des décennies d’abstinence. C’est pour cela que dans une approche de réduction des risques, il est parfois préférable de mettre en place une consommation modérée et maîtrisée qu’une abstinence totale. C’est aussi la raison pour laquelle certains traitements de substitution sont parfois prescrits à vie.

FAUX. On compte par exemple 5 millions de consommateurs de cannabis en France dont 1,3 millions de consommateurs réguliers et 850 000 consommateurs quotidiens. Tous ne sont pas addicts. Par contre pour des substances comme l’héroïne, on peut devenir addict dès la première consommation. Source : rapport de l’OFDT pour 2022.

PARTIELLEMENT FAUX. C’est l’objet de débats en médecine, psychologie et addictologie. Certains chercheurs considèrent l’addiction comme une maladie alors que d’autres préfèrent parler de conduites addictives.

FAUX. Dans les pays qui ont légalisé le cannabis comme le Canada ou dépénalisé l’usage de toutes les drogues comme le Portugal, on n’observe pas d’augmentation de la consommation. Il semble au contraire que l’usage peut diminuer lorsque l’interdit est levé, c’est ce que certaines études ont démontré dans les États américains qui ont légalisé l’usage du cannabis à des fins récréatives comme le Colorado. La légalisation est la meilleure solution pour lutter contre les trafics. Voir mon article à ce sujet concernant le cannabis. On peut aussi se rappeler les effets catastrophiques de la prohibition de l’alcool aux États-Unis dans les années 1930, laquelle a largement contribué à l’essor des mafias si bien que la prohibition fut abolie.

PARTIELLEMENT FAUX. Au sens strictement légal, cette affirmation est vraie. En France, tout usage de drogues illicites est interdit depuis la loi de 1970. L’usager commet donc un délit. Depuis 2019, on verbalise les usagers via une amende forfaitaire de 200 euros. Cela n’a pas eu d’impact sur la consommation de produits illicites, mais a facilité le travail de la police. Notons qu’une légalisation du cannabis rapporterait des recettes fiscales importantes, tout en diminuant ou arrêtant des trafics qui viennent ensuite financer la grande criminalité. Il arrive que pour se procurer l’argent nécessaire à la consommation de drogue, des addicts commettent des délits.

FAUX. C’est même le contraire qui est vrai : la consommation de cannabis est liée à une augmentation du risque d’accident mortel de 1,8 alors pour l’alcool, ce risque est multiplié par 8,5. Par contre la consommation de ces deux produits à la fois augmentent le risque par 15. Actuellement le taux d’alcoolémie maximum au volant est de 0,5 gramme par litre de sang (0,2 g/l pour les jeunes conducteurs). Source : données de l’OFDT.

Sources :

Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives

Morel, A. & Couteron, J. (2019). Addictologie: En 47 notions. Dunod. 685 pages.

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