Peindre l’addiction

L’addiction est un sujet d’inspiration pour de nombreux artistes, comme le sont les drogues, qu’il faut ici distinguer de l’addiction. Je vous propose quelques œuvres picturales qui peignent l’addiction et qui ont toutes pour titre ou dans leur titre le terme « addiction ». Elle ont été trouvées dans une déambulation erratique sur le web. Les images cliquables renvoient vers les liens des œuvres disponibles à la vente sur différentes galeries en ligne.

« Addiction » par la peintre américaine Karunita Kapoor

Commentaire personnel :

Cette œuvre m’agresse le regard, par ces couleurs vives, ce feu qui dévore le visage emprisonné dans un verre qu’on imagine d’alcool, ces insectes qui lui remonte sur la joue, cette chenille ombilicale qui symbolise peut-être la dépendance, et la paille rouge, de la même couleur que les flammes, sorte de dispositif d’injection tout aussi brûlant. Le visage prisonnier du verre, dont la transparence déforme les traits, rappelle une forme d’anamorphose : tout ce qui déforme la vision dans le champ de l’étrange. Cette œuvre représente bien la souffrance, par condensation figurative, de l’addict et de ses prisons de verre, fragile, mais si solidement ancré dans sa dépendance.

« Addiction Painting », par Gagosh, Street Artist de Géorgie, peinture acrylique

Commentaire personnel :

Nous avons ici la condensation de plusieurs figures de l’addiction : le jeu pathologique, les médicaments, et bien sûr ce spectre de la mort qui joue à n’en plus finir. La mort et son angoisse, effacée mais déifiée par l’addiction, joue avec nos vies dans la souffrance de l’addict. Le « If you can’t afford » (Si vous ne pouvez pas le payer), affiché sur les machines à sous, s’affiche comme une sorte d’injonction diabolique : l’addict est prêt à tout miser, même sa vie, même s’il ne peut pas ou plus se le permettre, et contre ses intérêts vitaux.

« Drug addiction » par ScottyRobotty sur Deviant Art. Aquarelle.

Commentaire personnel :

Voilà l’addict présenté dans sa déchéance la plus pure. La saleté, le désordre, les pilules qu’il recherche part ses multiples bras tendus vers sa substance, ce rouleau de papier toilette qui suggère aisément que la drogue, c’est de la merde, et ce monde replié sur lui même, que l’incurvation des murs symbolise : voilà l’une des destinations possibles de l’addict dans ses heures les plus sombres.

« Addiction » par Warren Burg, chocolat fondu sur toile

Commentaire personnel :

On quitte ici l’univers figuratif pour pénétrer dans l’art abstrait, qui est composé de chocolat fondu. Le résultat, impressionnant, m’évoque tous les linéaments complexes du cerveau de l’addict, qui ne saurait se résumer à de simples figurations symboliques. La concomitance du flux, des noyaux, des lignes, l’infinité des nuances de brun, voilà ce qui m’évoque la plasticité cérébrale dans toute sa splendeur et toutes ses infinies possibilités.

L’art est un excellent outil thérapeutique et les addictions un excellent sujet d’inspiration. D’où les pratiques d’art-thérapie qui peuvent aider les addicts à sublimer leur psychopathologie dans la production de leurs propres œuvres, sans prétention autre que de pouvoir exprimer ce qui ne peut l’être par des mots. Pour ma part, les mots sont mon canal privilégié pour exprimer ce que je ressens et ce que j’imagine, mais je ne serais pas contre l’idée d’essayer les arts plastiques, sans nécessairement me focaliser sur l’addiction d’ailleurs.

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