Les addictions

Présentation

Du latin « être l’esclave de son créancier », l’addiction est une maladie, ou en terme de psychologues et de psychiatres, une psychopathologie. L’esclave, c’est l’addict. Le créancier, c’est la ou les substances, le ou les comportements dont on ne peut plus se passer et qui génèrent un syndrome de sevrage dès lors qu’on les arrête. Le psychologue Aviel Goodman a proposé en 1990 une définition devenue consensuelle de l’addiction : il s’agit d’ « un processus par lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives ». En somme l’addiction peut se définir comme la perte de la liberté de s’abstenir et l’ensemble des souffrances et des conséquences que cela engendre. Les addictions concernent tous les milieux sociaux. Ses causes sont multifactorielles et ne peuvent se réduire à une seule vulnérabilité psychique ou génétique. On peut être addict à une substance psychoactive (tabac, alcool, cannabis, drogues illicites, NPS comme les cannabinoïdes, médicaments comme les benzodiazépines …etc.) ou à un comportement particulier (jeux d’argent, jeux vidéos, cyberaddictions, sport, addiction sexuelle…etc.)

Addiction
On ne combat ni ne soigne pas l’addiction par la morale ou la sanction, qui produit les effets inverses à ceux souhaités. Pour aider un addict, l’empathie, la bienveillance et la compassion sont les meilleurs outils d’une forme de sagesse pratique.
Cerveau multicolore
L’addiction présente des aspects biologiques (altération de la chimie du cerveau), psychologiques (recherche de plaisir, soulagement de la souffrance) et sociaux (intégration ou isolement) et doit par conséquent être traitée en prenant en compte toutes ces dimensions

L’addiction peut se comparer au virus d’virus d’Epstein-Barr (l’un des virus de l’herpès) : en période d’abstinence il dort, logé quelque part à l’abri dans le cerveau. Il est prêt à reproduire des symptômes, la rechute, en période de stress tout particulièrement ou suite à un évènement très perturbant. Il ne s’agit pas de dire que les rechutes sont inévitables, loin de là, mais qu’elles font partie intégrante de la maladie de l’addict, et du parcours de soin. Plus une addiction dure longtemps, plus elle laisse des stigmates dans le cerveau, qui a la capacité à s’adapter à la consommation de produits psychoactifs par un double processus de sensibilisation et de tolérance. La mémoire profonde enregistre les expériences du cerveau, et l’addiction laisser des traces cérébrales, des cicatrices invisibles qui font que même abstinent, un addict doit rester vigilant.

L’addict doit se libérer du sort de la bouteille à la mer que ses symptômes expriment au monde
On ne peut pas, en général, se sortir tout seul d’une addiction,
voir la page aide pour plus d’information

C’est pour combattre les préjugés qui circulent trop souvent dans notre société à propos de l’addiction, et des psychopathologies en général que je vous écris. Ma seule légitimité pour écrire ce blog, c’est d’être un addict depuis 15 ans et de vouloir faire reconnaître l’addiction comme une vraie maladie psychique. Si, après la lecture de quelques billets de blog ou de certaines pages du site, vous avez acquis plus de connaissances sur une maladie très difficile à vivre, alors j’aurais rempli ma mission d’information, de sensibilisation et de transmission des connaissances.

S’en sortir pour un avenir

Si l’on en croit les information du Centre National des Ressouces Textuelles du CNRS, après les définitions d’usage, le mot sortir possède une étymologie qui n’est pas sans lien avec notre problématique addictive. Sortir, en l’an 1145 c’est décider par les sorts. Jeter un sort, c’est extirper ou faire entrer quelque chose dans quelqu’un. Du latin « sortiri » on peut trouver plusieurs définitions : tirer au sort, fixer par le sort, obtenir par le sort, obtenir du sort, de la destinée, choisir. Nous allons donc ici essayer ensemble de sortir de l’addiction, de se libérer de ce sort qui nous a été jeté par notre histoire personnelle, quelle qu’elle soit, pour se construire un avenir. Pour cela, il faut apprendre. Apprendre à arrêter la consommation de produit ou le comportement qui génère une dépendance. Apprendre la vigilance de tous les instants, sans qu’elle soit obsédante et qui doit accompagner l’addict durant toute sa vie.

S’en sortir, pour un avenir, c’est devenir capable de repérer le craving, les risques de rechutes et prévenir tout risque de retour de la psychopathologie. Il existe de nombreuses manières de traiter les addictions, toutes complémentaires à mes yeux.
Équipe médicale
Une équipe pluridisciplinaire, comme on en trouve dans les CSAPA (Centre de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie) peut grandement aider un addict à parvenir à ses objectifs : réduire sa consommation ou parvenir à l’abstinence.

En ce qui me concerne, l’addiction est une maladie à vie. On peut d’ailleurs être addict tout en ayant passé des décennies d’abstinence. Et puis, un soir, un verre, des amis, on boit, on fume un joint, et tout le circuit de la récompense dans le cerveau, qui a creusé ses sillons en profondeur dans notre encéphale, se trouve réactivé. C’est le début d’une rechute. En ce qui me concerne, une rechute dure en moyenne 3 à 6 mois. Avec une cyclicité pareille, on a le temps de détruire toutes les bonnes choses que l’on avait patiemment construit dans sa vie, parfois pendant de longues années. Il est dans ces conditions difficile de parler de guérison pour un addict qui a passé plus d’une décennie dans l’abus de substances. L’abstinence s’apparente plus à une forme de rémission. Ceci dit, une fois que l’abstinence est devenue solide et durable (ce qui n’arrive pas toujours dès le premier essai), on peut conduire une vie parfaitement saine et épanouie.

Vincent Cosmos, 15 ans d’addiction, a étudié l’anthropologie, la psychologie, les sciences politiques et le droit, mais a rechuté à chaque fois juste avant les examens de fin d’année ! Formé en autodidacte au métier de développeur web, je réalise des sites pour le plaisir, et bientôt j’espère, pour en vivre. Vous pouvez me joindre via la page contact du site.

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