Rêves de drogues, les rechutes oniriques

Dans les premiers temps de l’abstinence, il est courant de faire des rêves où les sensations des produits sevrés réapparaissent sous une forme onirique. Nous ne savons pas grand chose, scientifiquement, au sujet des rêves, si ce n’est que la théorie freudienne postule que le rêve produit des images issus de désirs inconscients masqués dans le but de maintenir le dormeur dans le sommeil. Cette théorie, qui reste encore aujourd’hui à confirmer expérimentalement, est bien vérifiée par les rêves de drogue. Ainsi me suis-je réveillé ce matin après avoir eu l’impression d’avoir consommé des cannabinoïdes de synthèse. D’expérience, la fréquence de ce type de rêve s’atténue avec le temps de l’abstinence. La chose étrange est que dans mon rêve, j’avais été drogué contre ma volonté par une plante située sur mon bureau et dont les feuilles avaient une fonction de fontaine à eau à laquelle je m’abreuvais. Cette eau était psychédélique et provoquait en moi des sensations identiques à celles des cannabinoïdes de synthèse.

La première chose que je fis en me réveillant, ce fut de vérifier qu’une telle plante n’était pas disposée sur mon bureau. Vérification qui est due à l’interface à demie éveillée où l’on a besoin de vérifier le réel de la réalité, comme cela peut arriver après des cauchemars. Chose tout aussi étrange, la sensation des cannabinoïdes n’était pas agréable comme dans d’autres rêves, mais très handicapante, car dans le rêve je ne pouvais marcher droit pour atteindre mon bureau. On avait génétiquement modifié ma plante « fontaine à eau » contre ma volonté dans l’objectif de me faire rechuter. La rechute était donc vécue comme un accident ou une action malveillante.

Analysons un peu ce rêve sur le mode symbolique. Mon bureau est mon lieu de travail, celui du passé, du présent comme de l’avenir. Le travail, c’est le moyen de subsistance. Or le désir de consommer des produits va à l’encontre du travail. La plante, qui plus est fontaine à eau, est le symbole de la vie. Elle fournit l’oxygène que l’on respire et, dans le cas de mon rêve, l’eau sans laquelle on ne peut pas survivre plus de trois jours. La sensation d’être drogué contre ma volonté, c’est la peur que l’on me nuise, ou du moins, que l’on ne m’aide pas. Donc le désir inconscient était bien le désir de consommer des produits psychoactifs, mais ce désir a été masqué par la symbolisation du rêve en le masquant par tout un dispositif d’images destinées à ôter la rechute de ma responsabilité.

Ce type de rêve n’est pas anormal lorsque l’on est abstinent. Il est tout à fait probable que j’en fasse d’autres, sous forme d’images différentes ou similaires car les rêves peuvent se répéter. L’analyse symbolique des rêves est une technique inspirée de la psychanalyse mais sans le cortège de concepts libidinaux que porte cette théorie. Pour ma part, je pense qu’il existe un langage symbolique du rêve propre à chaque personne. Les symboles sont universels, Jung les nomme des archétypes, mais ils sont aussi personnels dans la déclinaison psychique individuelle de l’universel. Analyser un rêve c’est apprendre le langage symbolique du rêveur et déceler les désirs, mais aussi les émotions, que la symbolisation vient masquer pour maintenir le sommeil dans sa phase dite « paradoxale », où le cerveau est hyperactif. L’inconscient, dévoilé par l’analyse, devient une phase temporaire et non une réalité définitive. Cela ne signifie pas que l’inconscient n’existe pas, mais juste qu’il est possible, par les rêves, d’y avoir accès de manière analytique.

En somme, me voilà bien rassuré de ne pas avoir réellement rechuté !

Retour en haut